Positions pour accoucher

Les filles, il faut qu’on se parle.

Vous avez probablement vu des films avec des naissances dans votre vie. Vous avez peut-être aussi déjà consulté quelques livres sur l’accouchement. Il y a fort à parier qu’on vous ait présenté seulement une position: celle que je nomme « pattes en l’air », avec les « instruments de torture » (aussi connus comme « les étriers »).

Un bel exemple de naissance avec la maman sur le dos, les pieds dans les étriers (les machins pour placer les pieds lors des examens gynécologiques, les filles… oui, moi aussi ça me fait froid dans le dos) (source de l’image: Wikipédia).

Si votre médecin vous demande d’accoucher sur le dos, avec les pattes en l’air, c’est pour une seule et unique raison: il aura une bonne vision de l’endroit où ça se passe. (Mise à jour: il semblerait que ce soit Louis XIV qui ait parti le bal, en voulant voir la naissance de ses enfants. Je ne sais malheureusement pas d’où provient cette information du site QuestMachine, mais c’est une piste très intéressante!)

Une planche de Gray montrant les muscles entourant le périnée: c’est quand même plus élégant qu’une photo de la vraie section anatomique… D’autant plus que j’ai indiqué que le contenu de ce blogue n’était pas réservé aux adultes… (source de l’image: Wikipédia).

Donc, le/la docteur(e) se place sur un petit banc devant la parturiente, qui a les cuisses bien écartées (disons qu’avec les pieds dans les étriers, c’est obligatoire d’être très exposée dans la région des parties intimes). Jusque là, pas de problème.

C’est la position qui m’horripile.

Je vais vous donner les deux raisons majeures qui devraient vous faire refuser avec l’énergie du désespoir d’accoucher sur le dos, avec les pieds au ciel.

  • C’est la meilleure façon d’avoir une déchirure du périnée. Gardez bien en tête la planche de Gray. Le périnée, c’est l’espace entre le vagin et l’anus. Pour ceux/celles que ça intéresse, c’est tout plein de connexions nerveuses (= zone érogène). Par contre, c’est aussi un secteur sensible lors des accouchements: pour que la tête du bébé passe, il arrive souvent que le périnée déchire. Supposément pour prévenir la déchirure (difficile à recoudre), on pratique souvent l’épisiotomie, une coupure au ciseau (donc, volontaire), de biais (voir image tout de suite) – mais les recherches tentent à montrer que cela n’a pas d’avantages et pourrait même être fatal dans plusieurs cas (voir Wikipédia).
Coupez le long de la ligne pointillée pour faire une épisiotomie. On coupe en biais pour éviter une connexion directe avec l’anus (source de l’image: Wikipédia).
  • Le travail les jambes en l’air empêche le bassin de bouger. Pour faciliter le passage de la tête du bébé (c’est le plus gros morceau, et c’est « calculé » très serré dans le secteur du bassin pour le passage pelvien), il faut que les os du bassin puissent jouer. Vous êtes sceptiques? D’accord. Gymnastique tout le monde! Alors, voici deux positions à expérimenter pour faire entrer en mouvement votre bassin:
  1. Contre-nutation: il faut tourner les cuisses vers l’extérieur (imiter la grenouille!), ce qui fait se rapprocher les ischions et s’écarter les ailes du bassin (voir plus bas pour l’anatomie). Le bassin est rétroversé.
  2. Nutation: il faut tourner les cuisses vers l’intérieur (garder les talons fixes, mais rapprocher les orteils), avec des conséquences inverses de la première position (ischions éloignés, ailes rapprochées). Le bassin bascule vers l’arrière (cf. site Césarine).
Les ischions sont en bas (juste au-dessus de la signature du dessin). Le bassin ressemble à un papillon: les « ailes » du bassin sont celles du haut, les ischions celles du bas de notre papillon imaginaire. Aussi, la planche représente les différents ligaments qu’on retrouve dans le bassin (et qui permettent des mouvements) (source de l’image: Wikipédia, de l’inévitable Gray).

Ces positions sensuels (non, je rigole) permettent de faciliter le passage du bébé. Sauf que… les pattes en l’air, je le répète, on ne se laisse pas beaucoup aller à des contorsions… En plus, j’ai failli oublier: il y a une alliée fidèle à la parturiente, c’est-à-dire la gravité. Si vous accouchez sur le dos, elle ne peut qu’entraîner votre bébé vers votre colonne vertébrale (et ça ne passe pas par là!).

La bonne nouvelle dans tout ça? Il existe d’autres positions!

Statuette de l’Amérique du Sud en terre cuite représentant deux sage-femmes et une femme en train d’accoucher. Remarquez qu’elle est assise, genoux pliés, presque accroupie (source de l’image: Wikipédia).

Il existe même une littérature indiquant des positions de remplacement… Voici deux séries de positions, dans des documents préparés par AFAR (Alliance francophone pour l’accouchement respecté).

Illustrations montrant des positions pour faciliter l’accouchement durant le travail, voire même l’accélérer (on ne s’en plaindra pas!) (source de l’image: Wikipédia).
Illustrations montrant des positions pour l’expulsion du bébé (dernière phase de l’accouchement). Notez que presque toutes ces positions favorisent l’action de la gravité: le bébé est naturellement entraîné vers le passage pelvien dans le bassin (source de l’image: Wikipédia).

Question positions, j’aurai bien aimé connaître celles-ci lors de mon propre accouchement. En tout cas, les filles, protestez, informez vos conjoints, défendez-vous. Refusez qu’on vous traite comme une patiente.

Mise à jour sur Louis XIV: 29 mars 2013

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